C’est
le premier livre que je lis de cette écrivaine et journaliste française, de
mère britannique et père français, qui se définit comme franco-anglaise.
(Peut-être un parallèle avec le protagoniste du livre, qui est
franco-américaine ? En fait, elle mélange très bien les expressions
linguistiques et les sentiments qui ont des identités partagées, et dans les
relations décrites dans le livre souvent on y trouve des clichés sur les
regards des nationalités mélangées –française / américaine, ou française / juive,
ou italienne / américaine).
Résumez l’histoire
On nous
présente deux histoires parallèles de deux femmes qui, contre les lois de
la physique, à la fin du livre vont se retrouver. La première, une des histoires
les plus honteux et sombres de l’historie de la France, avec Sarah, une
fillette juive de dix ans, comme protagoniste. Avec toute sa famille –son frère
et ses parents-, est déportée dans la rafle du Vel’ d’hiv. Le mois de juillet
1942, plus de 10.000 juifs sont arrêtés par la police française, rassemblés au
Vélodrome d’hiver, transférés au camp de concentration de Beaune La Rolande et
finalement exterminés à Auschwitz. Sarah est une des rares personnes qui ont
survécu, mais elle doit vivre avec un sentiment de culpabilité pour la mort de
son frère.
La
deuxième histoire se réfère à Julia Jarmond, une journaliste américaine qui
travaille à Paris pour un magazine américain, dont elle doit couvrir la
commémoration du 60ème anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv. Pendant tout le
temps qu’elle s’engage dans ce projet de recherche, elle connait un terrible
secret qui affecte sa famille, changeant les relations avec tous ses parents
–mari, fille, belle-famille- et finalement sa vie entière.
Avec
soixante ans d’intervalle entre les deux histoires, à la fin on se retrouve dans
un final plein d’espoir, malgré toutes les adversités qu’on a connues et subies.
Je
pense aussi que c'est l'un des romans les plus émouvants que j'ai lu ces
derniers temps. Bien que le sujet de la Shoah est toujours une des questions
les plus touchantes qu’on peut travailler en la littérature. Mais Tatiana de
Rosnay nous présente un personnage pour lequel il est impossible de ne pas se
sentir attiré. Et maîtrise à la perfection la capacité pour doser les deux
histoires et maintenir la tension jusqu’à la fin du livre, à la fois que tout
le roman est vraiment un manuel didactique sur l’histoire, la mémoire et
l’éthique. Il n’est pas facile d’écrire sur un épisode qui est inconfortable,
gênant et bouleversant pour toutes les personnes qui pensent que l’histoire de
France a toujours été un lit de roses.
Et
c'est à travers les deux personnages principaux qu’elle garde constamment ce
rythme rapide et nous présente le doute permanent sur la performance, pas
seulement des personnages, mais aussi de l'ensemble du pays, qui étaient
victimes ou coupables.
Per
exemple, Sarah « ne comprenait pas
comment il pouvait y avoir tant de différence entre ces enfants et elle. Elle
ne comprenait pas pourquoi elle et ces gens devaient être traités de la sorte.
Qui avait décidé cela, et dans quel but ? » « La fillette se demandait maussadement ce que
Dieu fichait. Les avait-il abandonnés ? Les punissait-il pour une faute
qu’elle ignorait ? ». » La
fillette se demanda : ces policiers … N’avaient-ils pas de famille ?
Pas d’enfants ? Des enfants qu’ils retrouvaient le soir à la maison ?
Comment pouvaient-ils les traiter de la sorte ? Agissaient-ils sur ordre
ou était-ce chez eux quelque chose de naturel ? Étaient-ils des machines
ou des êtres humains ? Elles les scruta attentivement. Ils étaient faits
de chair et de sang. Pas de doute, c’était bien des hommes. Elle ne comprenait
pas. »
Ou bien
Julia essaie de comprendre les adultes : « le pire pour elle fut d’avoir survécu alors que tous les autres étaient
morts. De devoir continuer à vivre sans eux. Sans sa famille ».
« Alors, il faudrait enterrer tout
cela et continuer comme si de rien n’était, comme font si bien les
Français ? ». » La
plupart des gens qui m’entouraient restaient indifférents. Ils se disaient que
c’était normal. C’était normal pour eux qu’on embarque les Juifs ».
Enfin,
des réflexions qui doivent nous faire penser que l'humanité ne peut pas revenir
des événements tels que les décrits dans le roman, et de croire qu'il y a des
gens supérieurs aux autres. Malheureusement, il semble toutefois que le racisme
grandit à nouveau en Europe.
À la
maison, j'ai déjà le film prêt à voir pour l'ensemble de ma famille.
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